Crise climatique : les petits pas ne suffiront pas

Manger moins de viande, isoler son logement, privilégier les transports en commun… Importants, les gestes des citoyen.ne.s ne suffiront pas. Au maximum, ils ne représenteraient que 25% des efforts nécessaires pour se maintenir dans la trajectoire assignée par l’accord de Paris. Les 75% restants sont dans les mains de l’Etat qui, s’il se décidait à adopter une politique réellement responsable, pourrait infléchir la courbe.

Pour gagner la bataille, il faut transcender le seul maillon individuel et accéder à un niveau collectif d’action”, affirme l’étude publiée en juin dernier par Carbone 4, un cabinet d’étude spécialisé dans la stratégie bas carbone.

Quelles sont les données du problème ? En 2017, notre empreinte carbone individuelle était en moyenne de 10,8 tonnes équivalent CO2 par an. Pour tenir les objectifs de l’Accord de Paris et maintenir le réchauffement climatique à +2° – tout en visant un réchauffement maximal de 1,5°C – et ainsi protéger nos droits, il faudra réduire cette empreinte carbone de 80% d’ici à 2050. Un objectif atteignable, à condition de s’en donner les moyens, dès maintenant.

Les gestes individuels sont certes essentiels, mais, explique l’étude, il est “dangereusement contre-productif de prétendre résoudre la question climatique en faisant reposer l’exclusivité de l’action sur les seuls individus.

Le poids réel des éco-gestes

En effet, si les éco-gestes, ces petites actions du quotidien qui visent à préserver l’environnement, jouent un rôle pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ils ne sont qu’une partie de la solution. Environ 25%, estime l’étude.
Leur impact peut atteindre une réduction de 45% de notre empreinte carbone, avec un “comportement héroïque” de l’ensemble des Français.es, ainsi que des investissements au niveau individuel (rénovation thermique, achat de véhicules non polluants).

Par exemple, passer à un régime végétarien permet de réduire de près de moitié son empreinte carbone. Revoir ses modes de transport (vélo, covoiturage et ne plus prendre l’avion), permet de la réduire de 30% supplémentaires.

Mais sans l’action motrice de l’Etat, l’impact individuel est limité. Prenons l’exemple des transports : que faire si votre lieu de travail se situe à une distance qui n’est faisable à pied ou à vélo ? Et que ce trajet n’est pas couvert par les transports en commun ? Même avec toute la bonne volonté du monde, vous pourrez difficilement échapper à des trajets quotidiens en voiture.

Ensemble, pour agir mais aussi pour faire agir l’Etat

Premières victimes de l’inaction climatique, il n’appartient pas qu’aux individus d’agir. Aujourd’hui, nous connaissons les responsables de l’inaction, et les solutions que l’Etat peut, et a l’obligation de mettre en place pour protéger les communs et nos droits. Nous savons aussi que l’Etat ne respecte pas ses propres engagements, en dépit de l’urgence climatique.

Et c’est bien pour mettre l’Etat face à ses responsabilités que plus de 2 millions d’entre vous soutiennent l’Affaire du Siècle. C’est pour exiger des actions à la hauteur des enjeux climatiques qu’au cours des derniers mois, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue. Et qu’une mobilisation d’une ampleur sans précédent est de nouveau prévue pour septembre. Au-delà des “éco-gestes”, “agir à son niveau” passe aussi par descendre dans la rue et exiger une véritable révolution climatique et sociale.

Les infographies de cet article sont extraites de l’étude “Faire sa part ? Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’Etat face à l’urgence climatique”, publiée en juin 2019 par Carbone 4.